Souvenirs de guerre de deux écriturialistes

Les écriturialistes aiment écrire et raconter leurs souvenirs. Ginette Savariaux et Donatien Moisdon ont ainsi prêté leur plume pour évoquer la fin de "leur" guerre pour "Années 40-50, un Bresssuire fort occupé", le prochain livre de votre blogueur qui va sortir en septembre prochain

Il aurait été dommage de ne pas bénéficier de tels textes pour illustrer la Libération via le "jour de liesse et moment fondateur" de Ginette et "le retour du soldat" de Donatien.

Jugez-en avec ces deux pages où l'événement est, grâce à nos deux écriturialistes, sublimé par la qualité de l'écriture

Au coeur du livre

Ces deux textes accompagneront avec bonheur toutes les autres chroniques de cet ouvrage de 203 pages soutenu par le Conseil départemental des Deux-Sèvres.

Vous pouvez découvrir quelques-unes des bonnes pages sur notre site dédié, à retrouver d'un petit clic.

http://un-bressuire-fort-occupe-impression-creative.fr/

Bonne lecture et merci encore à Ginette et Donatien de m'avoir confié leur texte.

L'un comme l'autre éclairent l'époque et enrichissent l'ouvrage "Années 40-50, un Bressuire fort occupé"

A bientôt!

Comments

[Jacques]

Souvenirs, souvenirs...



Un proche m'a dit :



"Je me souviens, c'était le 8 mai 1945, l'institutrice a dit : "Allez chercher une caisse de limonade au café du village!"



La guerre est finie. Une première limonade sous le préau de l'école. Inoubliable."



Dans les mémoires d'un médecin, on trouve ces mots qui parlent de la ville d'alentour et de l'âme aussi...



"Fin juillet 43 : que faire sinon partir en vacances? Nous allons à Bressuire dans la langueur du bocage...Nous logeons chez l'habitant. C'est une vieille qui nous coupe la lumière le soir quand nous lisons trop tard mais nous monte le matin lait, pain et beurre, confiture. Notre chambre est sous le toit. Il y fait chaud. Son carrelage est frais à nos pieds. Nous nous aimons dans un lit Empire haut et profond aux draps rugueux. Chaque jour le temps est magnifique. Je traverse verger et potager pour gagner un cabinet guérite - chambre noire où vrombissent des mouches... centre d'optique où pénètre la splendeur de l'été par un trèfle de carte à jouer, découpé dans la porte.



Dehors les groseilles, les œillets d'Inde et les capucines bourdonnent d'abeilles. la matinée s'écoule paisible. Un chapeau de paille sur la tête, je lis Proust au jardin. F...porte un enfant. Une lumière de Bonnard.



(...) Au retour de Bressuire, à travers Proust, sa science de clinicien et son âme lyrique, j'ai ressenti ces nouvelles richesses du vin vieux en cave de la mémoire, peu à peu bonifié; des bonheurs du jour dans la déflagration du souvenir; le flair de l'odeur du temps. (...) Début déjà d'une usure de l'âme?...



En ce temps-là au lieu dit, un enfant de son entourage jouait avec son épée en bois en regardant par la fenêtre passer l'occupant. Il a choisi l'aventure en pensant et la pensée en s'aventurant...



Une mythologie personnelle, des lieux re-visités...On pourrait en faire un livre ou un bel article dans la revue du patrimoine...Continuer l'usure de l'âme?



Pourquoi désespérer de l'air du temps ? Il y a quelque chose d'individuel dans les lieux, disait Marcel Proust pour conclure une longue méditation sur l'appréhension du réel.



Dans les espaces réticulaires, il y a t-il encore une place pour l'eutopie, à des années-lumière de l'utopie sans lieu et de l'atopie du non-lieu ?



On peut toujours courir dans le pré ou le petit bois pour l'attraper, cet objet...



On dit qu'il a une âme.



Jacques