Avec Fabien Gouault, journaliste : le polar au quotidien
Fabien Gouault, localier du Courrier de l'Ouest en nord Deux-Sèvres vient de sortir son deuxième roman policier. Après "Le pacte de la Dîme" chez Spinelle tiré à 500 exemplaires, place à "Meurtres sur la côte bretonne, à l'ombre des géantes" chez le Geste noir tiré également à 500 exemplaires.
Pour le pitch du roman policier et le topo sur l'auteur, gros plan sur la quatrième de couverture ci-contre avant de passer en face à face avec l'auteur aux rubriques "Interview décalée " et "en un mot", histoire de vous donner envie d'acheter le bouquin (13.90 euros) dans toutes les bonnes librairies de l'Ouest
L'interview décalée:
- Fabien, un localier qui se met écrire un roman policier, c'est en fait un journaliste qui a besoin de se polariser?
( sourire) C'est vrai, Alain. Cela me permet d'écrire plus long. On est parfois frustré dans notre boulot d'être limité par la pagination d'une édition locale
- Quand vous avez quitté l'éditeur Spinelle pour Geste éditions de la Crèche, y a t-il eu du tirage?
Pas du tout. Tout simplement, je ne leur ai pas soumis mon second manuscrit car j'ai voulu un éditeur mieux établi et mieux distribué. Avec Spinelle qui propose 12% à ses auteurs mais aucun point de vente, mon compteur est actuellement bloqué aux alentours de 180 exemplaires.
- Donc vous pensez que pour l'hébergement de votre second polar, mieux vaut être hébergé en sud Deux-Sèvres, mieux vaut crécher à la Crèche?
Oui, cette maison s'occupe de l'édition mais aussi de la distribution avec beaucoup de points de vente dans la région: ils ont un bon réseau sur l'Ouest et sont bien implantés. Ils ont tiré le livre à 500 exemplaires avec 8% pour l'auteur
- Pour rentrer chez "Geste" réputé difficile d'accès, vous a t-il fallu beaucoup gesticuler? A t-il fallu leur faire le geste auguste du semeur d'indices que doit connaître tout bon auteur de polars?
Mon manuscrit envoyé en octobre 2021 a été assez vite accepté et j'ai reçu leur accord en quelques semaines. Par contre, il a fallu ensuite une bonne année pour sortir le bouquin avec les navettes entre auteur et éditeur, les ajustements, les besoin de retravailler le texte. En mars on était d'accord sur la version finale et le bouquin est sorti en octobre dernier
-Dans "A l'ombre des géantes", on retrouve votre petit monde familier du journalisme local, les correspondantes de presse, le capitaine de gendarmerie, les pompiers, les notables, les clients des bistros. Est-ce que le fait divers est devenu votre fonds de commerce avec Tania Bélier, votre alter-ego au féminin, qui s'attaque à un meurtre sur fond d'éoliennes au large.
Oui, c'est un monde que je fréquente au quotidien. Que ce soit en Deux-Sèvres où je bosse ou dans les Côtes-d'Armor où je situe l'action, la vie est la même et ce petit monde d'ordinaire paisible et sans histoires cache parfois de lourds secrets.
-Pourquoi alors, Fabien, avoir choisi une jeune journaliste sexy et sympa plutôt qu'un vieux routier grincheux de la presse copain comme cochon avec les gendarmes et fidèle des bars locaux (c'est là qu'est l'info, coco !)
C'était la vie du localier avant et aujourd'hui de plus en plus de jeunes femmes reprennent le rôle, mais à leur manière. Et elles font aussi du bon boulot !
-Quand même, on ne peut s'empêcher de penser à Flaubert qui disait "Madame Bovary c'est moi". Alors, Fabien, "Mademoiselle Tania" c'est un peu vous ?
Bien sûr qu'il y a un peu de moi mais pas que ! Elle a sa personnalité et, comme moi, elle vit au rythme des scoops et des ratages, des liens avec les institutionnels, de la répétitivité et de la complexité de la tâche de localier.
- Sa devise, comme la vôtre, ce ne serait pas "Scoop toujours" ?
Oui, bien sûr. La pire corvée pour un journaliste c'est de reprendre le scoop d'un concurrent. Je n'aime pas les ratages et cela se sent. Mais le polar permet aussi et surtout d'évoquer la vie quotidienne d'une petite ville de province et d'aborder d'autres sujets qui me sont chers comme les éoliennes, l'homosexualité, l'adoption.
-Vous avez choisi la ville d'Erquy dans les Côtes-d'Armor où vous avez vécu plus de 20 ans et où vous semblez connaître tout le monde. Vous n'avez pas eu besoin de consulter le Who's Who local qu'on doit appeler là-bas le Qui Erqui ?
Même si je ne connais plus tout le monde, j'avais vraiment envie d'écrire sur ma région natale et de lui rendre hommage et de décrire des personnages que j'ai bien connus, comme René le taiseux.
EN UN MOT
Merci, Fabien, pour cet échange sur l'écriture d'un polar.
Place désormais aux questions-réponses du tac au tac avec cette nouvelle rubrique où vous devez choisir le mot qui vous caractérise le mieux:
- crayon ou clavier : clavier, bien sûr, sauf pour définir le point de départ et le point d'arrivée ainsi que l'indispensable schéma de l'intrigue.
- style ou intrigue : l'intrigue passe avant le style, mais l'écriture doit être soignée.
- premier jet ou retouches : premier jet après un bon temps de réflexions. Les réajustements viennent ensuite à la relecture et lors des navettes avec l'éditeur.
- bobo ou rural : rural, bien sûr. Que ce soit à Bressuire ou à Erquy, il y a l'empreinte de terroirs que je connais bien. Je décris la France profonde, pas les bobos des grandes villes.
- critique ou bienveillant : plutôt bienveillant dans l'analyse des personnages qui ont leurs failles mais aussi leurs qualités.
- Agatha Christie ou San Antonio : plutôt Simenon. Je reste marqué par les Maigret vus à la télé.
- à déguster ou à dévorer : les retours des lecteurs montrent qu'ils ont tendance à dévorer le livre et à l'avaler en quelques heures, voire quelques jours.
- lecteur ou lectrice : il me semble que le livre s'adresse davantage aux lectrices et pas seulement parce que les personnages féminins sont aux avant-postes.
EN DEDICACE le 17 décembre à Bressuire
Fabien Gouault sera en dédicace à la librairie le Fresneau de Bressuire le samedi 17 décembre de 10 h à midi.
Avis aux lecteurs et surtout aux lectrices avides de se retrouver "A l'ombre des géantes"!
Qu'on se le dise !
Qu'on se le lise!
Alain CADU