La fable d'écrituriales: les larmes du crocodile
1668-2018: il y a 350 ans, La Fontaine publiait son premier recueil de Fables.
Une belle occasion pour écrituriales de rendre hommage au fabuliste!
Après la cigale et la fourmi revisitée, votre blogueur apporte sa seconde obole et verse ses "larmes du crocodile"
Qui pleure pour tout le monde finit par perdre les yeux
Cette histoire, un croco l'a vécue sous d'autres cieux
Au lieu de se réjouir de vivre en ce bas-monde,
Un crocodile geignait dans son marigot immonde
Il se lamentait sur les intempéries,
Il gémissait sur les épidémies.
Dans la famille des pleureuses, il était le roi.
Il pleurait sans cesse, même quand il n'y avait de quoi.
Il disait:"il fait froid, on se les caille
Je veux un polo Lacoste sur mes écailles"
Quand il n'avait rien à se mettre sous la dent
Il blâmait la sécheresse ou le manque d'argent.
Quand il n'avait rien à se mettre dans le gosier
C'était la faute à la pénurie et à l'austérité.
Il jouait les chialeuses dans tout le marécage,
Se disait triste comme un oiseau en cage.
Pourtant, il bouffait du curé
Soutane, étole, il n'en faisait qu'une bouchée.
Il raffolait même des missionnaires
Il avalait tout, jusqu'à leur bréviaire.
Son copain caïman avait beau le tanner,
Il passait tout son temps à se lamenter.
Ce dur à cuir(e) était un pervers
Parlant de tout alligator et à travers
Même le ventre plein, sa vie était bien vide
Même le ventre plein, sa vie était un bide
Un jour,il voulut jouer les bégueules
Et il ouvrit bien trop grand sa gueule.
Avec un bâton, on lui cloua le bec
Et il n'eut plus l'occasion de l'ouvrir, le mec.
A force de raconter des âneries,
Il finit sa carrière dans une tannerie.
Et, aujourd'hui, il n'a plus que ses yeux pour pleurer:
Il a fait sa valise chez un maroquinier.
Et si l'on voit sur le cuir une marque indélébile,
Il s'agit d'une larme, une larme de crocodile.
Alain CADU
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