Salle de shoot: do you pique Frenglish?

Cela fait le buzz - pardon, le ramdam - depuis quelques jours: les salles de shoot s'affichent dans tous les media, nous inondant une fois encore de franglais.

Il est vrai que l'appelation officielle de "salle de consommation à moindre risque" ne donne pas forcément envie de se remettre au français et de se faire soigner son addiction.

Qu'on soit disciple des piqûres ou pas!

Alors, une fois encore, faut-il se contenter de l'anglais pour régler ce problème?

Room service

Pourquoi d'ailleurs une demi-mesure français-anglais alors que le mot "salle" a déjà été vampirisé dans les showrooms de France et de Navarre entre autres.

Il est vrai qu'aujourd'hui on bosse dans des open spaces et non dans des espaces ouverts.

Une shoot-room, ça aurait quand même de la gueule.

Certainement plus qu'une salle de seringue ou une salle de piquouse!

Peut-être que cela ferait moins peur aux riverains.

Un shoot-room nous ouvrirait droit les portes anglaises des Happy meals de chez MacDo ou des Happy hours de nos bistrots à l'heure du pré-apéro où on ne parle pas encore d'after puisqu'on a même pas commencé le before.

Des salles à la sauce franglaise

A quand la salle de love dans les hôtels de cinq à sept où, là encore, on pourrait parler de salle de consommation à moindre risque avec distribution de capotes gratos à l'entrée

A quand la salle de drinks avec alcootest à la sortie pour la consommation à moindre risque: la au moins on pourrait se piquer le nez sans seringue ni produit de substitution?

A quand les salles de snacking ou de fooding dans nos restos où, au pays de la bonne bouffe, on se pique désormais d'un vocabulaire à l'anglaise ..

Au moins cela nous changerait des binge-drinkings, ces bitures express dont raffollent nos jeunes pour se désinhiber vite-fait, mal-fait!

Boules gratuites

Vous en voulez d'autres?

"Same player shoot again" comme on peut lire sur les flippers -pardon, les billards électriques-quand on a une boule gratuite, pardon une extra ball.

Boule gratuite pour la love room par exemple?

Au moins on pourrait piquer la femme de son collègue entre cinq et sept ni vu ni connu. Risque quasi zéro pour la conso!

Boule gratuite encore pour les boulettes de viande servies dans le food truck à la mode. Risque quasi zéro pour la conso à condition de ne pas se faire piquer sa place dans la queue!

Boule gratuite encore pour la masturbation dans les magasins de bricolage, les do-it-yourself de nos amis british. Sur ce coup, il n'y a pas eu de risque zéro pour le numéro deux du modem Robert Rochefort. Il s'est fait piquer la main dans le sac!

Dose à dose

Et dire qu'en toute naïveté je croyais qu'une salle de shoot c'était pour jouer au foot indoor!

Mais la langue évolue, ma bonne dame! Ne viens-je pas d'ouir sur Canal+ que "le greenkeeper du stade a fait fait du bon boulot" pour que nos footeux gambadent sur la verte pelouse.

Un greenkeeper? Et pourquoi pas un jardinier pendant qu'on y est...

On en voit quand même des vertes et des pas mûres dans les  stades comme dans les salles de shoot.

Mais à quoi bon  piquer une colère devant l'invasion franglaise!

Do you pique Frenglish?

Avec les salles de shoot, les deux langues sont renvoyées dose à dose...

Stupéfiant, non?

Alain CADU

Comments

[Dominique]

Stupéfiant, certes non, nous commençons à le connaître notre Alain « qu’a du caractère ». Et les caractères qu’il emprunte sur son clavier, il s’y connaît pour nous les entremêler astucieusement et nous faire prendre conscience du ridicule qui nous entoure et qui hélas trop souvent tourne au drame. Ah, si les drames pouvaient se contenter de n’exister que dans l’écriture !

Bravo et merci Alain.