On nous abreuve depuis quelques semaines de ce terme d'autant plus à la mode que les temps sont durs et que l'élection présidentielle s'approche à grand pas.

Pas étonnant qu'à écrituriales on fasse de gros efforts pour sauver votre pouvoir d'achat tout en essayant d'améliorer le notre.

N'est-ce pas, Kayo?

kayo écrituriales 052Notre écriturialiste Georgette Bonnier a, elle aussi, son point-de-vue sur le pouvoir d'achat. Et si elle le livre gratuitement au blog, c'est pour que cela n'obère pas le votre, le notre, le mien.

Bonne lecture pour "pas un sou"!

Alain

Le pouvoir d'achat

Logo sans nomLes mots ont un sens nous dit-on. Ils ont même un poids si on en croit un célèbre magazine.

Les mots ont aussi des synonymes… pourquoi alors ne pas tenter de substituer au mot pouvoir l’un d’entre les nombreux offerts dans les dictionnaires. Par exemple « toute puissance ». Et si l’on substituait au mot achat le mot dépense ? Qui dit achat suppose une dépense, on est d’accord. Imaginons de remplacer l’expression « pouvoir d’achat » par « toute puissance à dépenser »… quel panache ! 

Alors filons les synonymes, ils valent bien les métaphores. Si l’on échange « achat », mot un peu froid, plat,  presque sévère, comptable, désincarné, par emplette, ou encore commission c’est un peu plus glamour et nous voici, grâce à ces délicieux et surannés synonymes, revenus au temps de nos grand-mères !

Revenons sur terre et à la succes-story de ces deux mots pouvoir et achat qui ont réussi, à force de faire touche-touche dans le politiquement et économiquement corrects, de se transmuer en une  sorte de divinité hybride qui a fait une entrée discrète mais efficace dans notre univers mythologique.

 Pourquoi ce concept de « pouvoir d’achat » est-il clamé, brandi, par tous les politiques, économistes, philosophes, commentateurs, sociologues et autres, comme étant quasiment la seule mesure constitutives de nos besoins, des plus primaires aux plus spirituels, de nos désirs, de nos rêves, en bref, voilà que le pouvoir d’achat sonne comme la seule promesse de bonheur.

Un bonheur qui n’est même plus dans le pré, alors que tout pourrait le faire croire avec l’apologie du vert, du bio. Non, c’est une promesse qui  prospère dans le paradoxal. Alors que l’ère de la consommation à outrance est derrière nous, que notre chère démocratie est en danger et qu’il serait temps d’imaginer des  manières inédites de protéger ce bien commun le plus précieux, en la rendant plus vivante, enrichissante, juste, libre,  fraternelle, voilà que notre faculté  à vivre heureux est suspendu au Pouvoir d’achat !

Est-ce le choc des mots qui transforme le pouvoir d’achat en totem, planté au loin dans une morne plaine ?

Quelles forces occultes sont-elles à l’œuvre qui poussent celles et ceux qui veulent à tout prix s’en approcher, à entrer  dans la transe, parfois une hache à la main ?

 Georgette Bonnier