De profundis: la mort du style indirect
Françoise Luciani, notre écriturialiste pleine d'humour, aime la langue française comme on a pu le voir dans la plupart de ses chroniques postées sur le blog.
La dernière campagne qu'elle mène n'est plus contre l'écriture inclusive, mais contre la mort du style indirect.
Elle est outrée que les journalistes, les politiques et bien d'autres qui ne maîtrisent pas le passage du style direct au style indirect contribuent à défigurer notre langue
Exercice de style, exercice de stèle
Et, comme d'habitude, elle n'y va pas par quatre chemins pour le faire revivre.
Plutôt que de se contenter de couper les cheveux en quatre, elle est prête à se créper le chignon avec tous les puissants ou supposés tels qui maltraitent le style indirect.
Cette mort programmée est autant un exercice de stèle qu'un exercice de style.De profundis!
Alain
La mort du style indirect
Au lieu de promouvoir l’emploi de l’écriture inclusive, cette initiative grotesque qui fait reculer les bornes de l’imbécilité et qui poussera romanciers et poètes au désespoir si le gouvernement est assez stupide pour la cautionner, les autorités compétentes – ou supposées telles – feraient mieux d’encourager la majorité des Français à cesser de défigurer notre belle langue.
Sapristi, n’est-il pas à la fois plus court et plus élégant de dire : « Je ne sais pas ce que j’ai : je dois avoir attrapé le Covid », plutôt que : « je ne sais pas qu’est-ce que j’ai : je dois avoir...etc. Vous ne me croirez peut-être pas, mais j’ai entendu sur RTL, un ministre proférer du ton majestueux convenant à sa situation : « Je ne sais vraiment pas qu’est-ce que nous pouvons y faire ».
Dire que le Français était encore il n’y a pas si longtemps, la langue des ambassades, la langue symbole d’une culture séculaire. Imaginez-vous Voltaire écrivant à Catherine II : « Je voudrais bien savoir qu’est-ce que vous avez lu ces jours-ci », au lieu de : « Je serais curieux de savoir ce que votre Majesté Impériale a lu récemment ».
Où encore le cardinal de la Rochefoucauld, ambassadeur de France auprès du Saint Siège sous Louis XV, s’adressant à son souverain en ces termes : « Le Pape se demande qu’est-ce que vous comptez faire de la du Barry. Moi, si j’étais à votre place, je sais bien qu’est-ce que j’en ferais », au lieu de : « Sire, Sa Sainteté BenoitXIV est fort inquiet au sujet de Madame du Barry. Il aimerait que vous lui mandassiez quelles sont vos intentions à son sujet. Personnellement, je n’ose suggérer à votre Majesté ce que je ferais si je me trouvais à Sa place ».
Quand je pense que bientôt je serai peut-être obligée d’écrire : « les animateur. rice.s » , graphie politiquement correcte et censée être tellement plus valorisante pour les femmes .
Un vieil évêque, Monseigneur Massé, célèbre en Vendée dans les années 40 pour ses phrases ambiguës, avait en quelque sorte résolu la question en disant ex cathedra :
Françoise Luciani ( à qui on fait la bise)
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