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2 avril 2021

Anglicismes : Les effets de Manche de Donatien

20210226_150734 1Après le Figaro Madame et le grammairien Jean Maillet dans la dernière chronique particulièrement riche du blog, c'est au tour de l'écriturialiste Donatien Moisdon de donner son avis éclairé.

Le nudging du blogger

Alors Donatien, dis-nous, dis moi, dis Moisdon !

Avec ce petit gimmick habituel, excusez-moi, je fais mieux que du teasing : je suis la mode du jour en faisant du nudging, expression consistant à donner un petit coup de coude complice à l'auteur et une incitation aux lecteurs, tout comme la petite mouche dessinée au milieu d'une pissotière Jacob Delafon est une invitation déguisée pour que les Messieurs pissent précis et  visent juste.

A coup sûr, Donatien à qui on ne peut reprocher de pisser de la copie, va atteindre la cible sur votre blog.

Désolé, j'aurais dû écrire "journal de bord numérique sur la toile", expression plus française certes mais moins percutante que l'aphérèse de "weblog", ce journal du web à qui on a coupé le we initial.

Foin des digressions franglaises, la parole est donnée à notre écriturialiste.

Dis-nous, Donatien, dis Moisdon ce que tu penses de tous ces anglicismes ravageurs...

Bravo pour tes effets de Manche!

Normal, tu nous écris d'Angleterre.....

Alain

L'invasion des anglicismes dans notre langue

123646821_o"Les anglicismes ont la cote auprès des journaleux, mais pas chez les amoureux de la langue française. Ces amoureux sont surtout ceux du patrimoine car la langue d’un pays, c’est le fleuron de son patrimoine. Certains de ces amoureux ne trouvent pas de mots assez durs pour dénigrer et attaquer la langue anglaise. Pour eux, c’est un peu comme si un aréopage de doyens d’universités anglaises s’était réuni autour d’une belle table en acajou et avait comploté contre la langue française, élaborant des coups fourrés en se frottant les mains avec des ricanements sataniques.

Évidemment, il n’en est rien. En fait, les universitaires anglophones qui généralement éprouvent une grande admiration pour la culture française, s’attristent de constater l’invasion des anglicismes dans la langue française. Le peuple et les journalistes ricanent.

Non, ce ne sont pas les Anglais, les Américains, les Australiens ou les Néo-Zélandais qui obligent les journalistes français de deuxième zone (ou troisième, ou vingtième) à dire newsletter au lieu de bulletin ou think tank au lieu de groupe de travail. Curieusement, les pires coupables « écrivent », si on peut dire, dans des revues féminines (pardon : des magazines). Vous y trouverez des conseils pour améliorer votre « look » en faisant du « shopping » comme les « stars » qui sont très « fashion », ceci afin de composer votre « dressing ». (Je signale en passant que « dressing » en anglais = vinaigrette). Le « top du top » en ce moment c’est le « look genderless » popularité par « American vintage ». Tous ces anglicismes sont tirés d’un seul paragraphe du dernier numéro de Marie-Claire. Et, bien sûr, chacune de ces revues vous encourage à télécharger sa « newsletter ».

Mais enfin, pourquoi ?

L'art de l'esbrouffe

Comme pour tous les problèmes de société, il ne faut pas chercher une seule raison. La première qui vienne à l’esprit, c’est que les journaleux veulent faire de l’esbrouffe avec à peu près autant d’intelligence que les ados qui circulent à vélo sur la roue arrière. Regardez-moi, regardez-moi ! Je suis un équilibriste et j’utilise des mots anglais ; Ah, comme je suis malin ! L’exemple vient d’en haut (ou d’en bas). Suivez mon regard vers l’Élysée !

Autre raison, plus malsaine celle-là : un sentiment d’infériorité savamment cultivé vis-à-vis de la civilisation anglophone, sentiment qui ne peut venir que du manque de culture historique à l’école. Malgré les défaites militaires et les humiliations nationales ; malgré des rivières de sang répandues – et pas toujours pour la bonne cause – le fait d’avoir maintenu l’intégrité territoriale du plus vaste pays d’Europe de l’Ouest pendant des siècles a été un gigantesque accomplissement.

La fierté a disparu, quand elle n’a pas été carrément remplacée par un sentiment de culpabilité, une fierté inscrite dans « Le Tour de France par deux Enfants » paru en 1877, et qui fit le délice des écoliers pendant plus de cent ans avec sept millions d’exemplaires vendus. “Tu peux être fier d’être Français” me disait ma grand-mère, “mais au-delà de la fierté, il y a la chance : celle de naître dans une grande civilisation”.

La cancérisation de la langue

L’Histoire est une culture, un patrimoine et une identité. C’est pourquoi ceux dont le but ultime est de détruire la France font croire aux enfants et adolescents que l’Histoire commence en 1789. Avant, malgré les cathédrales, les canaux, et l’assèchement du rivage atlantique, nous n’étions que des barbares. Nous n’avions pas de grands poètes, pas de Renaissance, pas d’écrivains, de philosophes, de compositeurs, d’architectes, de savants, d’inventeurs, de peintres et de dramaturges. Il est donc nécessaire de cancériser la France par tous les moyens, y compris par les anglicismes. Si une chose est française, elle est condamnable, nous serinent ceux qui sont en train de scier la branche sur laquelle ils sont assis. Et quand la branche sera tombée (et eux avec elle) que restera-t-il ?

Une société de robots humains à la chinoise ?

Donatien Moisdon

(les sous-titres sont du blogueur)

 

 

 

Commentaires
N
Je partage ces opinions et une certaine irritation au vu de ces anglicismes. Pourquoi ne trouve-t-on pas des expressions équivalentes dans notre belle langue française? Ce serait une occasion de la promouvoir comme le font si bien les Québécois, en termes humoristiques ou savoureux.
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J
Très bel article de Donatien Moisdon. J'en approuve les arguments. Ils sont d'autant plus indiscutables que le bonheur d'être français passe aussi par une claire conscience de notre histoire. Elle nous fait connaître une vérité apparemment paradoxale : le lexique anglais est constitué à près de 60 % de mots français. Depuis l'invasion de Guillaume le conquérant jusqu'au dernier souverain Plantagenêt, l'anglais a progressivement évolué d'une langue germanique vers une langue quasi romane. Bien sûr la plupart des mots français empruntés au cours de ces cinq siècles sont devenus difficiles à identifier, tant morphologiquement que sémantiquement. Qui peut reconnaître dans le mot "butler" le français "bouteiller" ou dans "apron" notre "napperon"? Qui peut imaginer que le mot "war" vient de "guerre" ou que derrière "glamour" se cache le français "grammaire". L'esbroufe dont parle M. Moisdon existerait-elle si cette vérité historique était mieux connue? J.Maillet
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H
Tout à fait d'accord avec Donatien ! Dans nos livres conservons la belle langue française apprise à l'école... au siècle dernier !
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