Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
écrituriales, le blog
14 février 2021

Toubib or not toubib : Le panari d'Hélène Merrick

image avec texte

 Pour écrire sa "Complainte du Panari" Hélène Merrick, notre écriturialiste qui, dans ce récit, a incarné les finesses de l'écriture jusqu'au bout des ongles s'est posée la question essentielle : être ou ne pas être, toubib or not toubib.!

Autant dire que son récit panaristique est soigné et qu'elle a bien étudié ou connu le problème.

En tout cas, question humour, on est sur la même longueur d'ongles...

Bonne lecture! Nul doute que vous prendrez votre panard.

Alain

 

La complainte du panari par Hélène Merrick

 

Est-il vraiment nécessaire d’avoir des enfants quand on a un mari ?

Avec un enfant, on sait qu’il va y avoir : des bobos, des plaies, des pleurs, des grincements de dents - et des chutes de dents -, des pieds blessés, des doigts entaillés, des genoux ensanglantés, des bleus, des bosses, des ampoules, des entorses, des rhumes, des angines, et la liste est longue.

 Avec un mari, c’est pareil. 

Lundi : « J’ai mal au pied » dit le mari

Je n’y prête pas attention, il court tout le temps, il reste debout, il marche sans arrêt. « Change de chaussures, des fois ça aide. »

Lundi soir : « J’ai mal à mon gros orteil 

-         T’as changé de chaussures aujourd’hui ?

-         Ouais

-         Prends un bain, ça te détendra, je te masserai le pied après (bonne pâte) »

ecriture1Mardi matin : « J’ai l’orteil enflé, regarde ! Je dois avoir un ongle incarné (dession Pierre Fouillet)

-         Ouh là, attends, je vais te mettre du daquin, faut pas que ça tourne au panari. Comment t’as fait ça ?

-         Je me suis coupé les ongles d’un peu trop près, aïe ! »

Mardi soir :  « Je peux plus marcher, ça empire !

-         Assieds-toi, je te prépare un bain de pieds avec du daquin

-         Qu’est-ce que j’ai ? qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce que je vais faire ?

-         Tu vas avoir un panari, faudra aller à l’hôpital pour te le faire ouvrir

-         Ah non, je veux pas aller à l’hôpital !

-         Alors, arrête de gigoter, laisse ton doigt dans la bassine. »

Mercredi matin, même combat, sur le coton imbibé de daquin, petit mari enfile sa chaussette, « comme ça, ça bougera pas de la journée »

Mercredi soir, panique à bord :

« Y a du blanc ! j’ai maaaaal ! Aaaaahh ! C’est horriiiiible

-         Faut que t’ailles à l’hôpital je te dis

-         Oh mais t’en as de bonnes toi, je suis pas comme toi, à courir à l’hôpital toutes les deux minutes !

-         Je te signale que j’ai eu un panari y a quatre ans et que le Dr Truc m’a expédié tout de suite voir un orthopédiste !

-         J’irai pas ! J’irai PAAAS !

- (Impitoyable) : Il m’a anesthésié le doigts de pied, j’ai attendu une demi-heure, je ne sentais plus rien, après il a ouvert le panari, tout le fourbi est sorti…

-         Beurk, arrête !

-         Il a désinfecté, refermé et mis un pansement. Et voilà !

-         Mais ça fait un mal de chien, ça sera atroooooce !

-         C’est atroce maintenant, à cause du pus…

-         Beuark !

-         Quand y a plus d’pus, on n’a plus mal.

-         Ouais mais toi, tu marchais pas sur ta main, moi je pourrai pas marcher sur mon panari de pied !

-         Bon ! Si tu veux pas te soigner, je sais plus quoi faire !!!

- (Geignard) Elle se déplace pas, notre docteur ?

- Ben si, mais il faut l’appeler rapido avant qu’elle commence ses visites »

 Il se couche, après avoir enroulé un pansement imbibé de daquin autour de l’orteil. Il a insisté pour le tenir avec un élastique (? Mieux que du sparadrap sans doute ?) Ca me rappelle mon père qui ne se cassait pas la tête avec l’ « esthétique » de la maison, quand il avait besoin d’accrocher un objet au mur, il plantait un clou, c’est tout. Maman aussi, d’ailleurs, pour un torchon ou n’importe quoi d’autre. Un clou de ceux qui servaient à clouer les peaux de fourrure sur les planches.

 « Mais elle va m’envoyer aux urgences, c’est sûr, comment je vais y aller ?

-         En voiture, ou en taxi

-         Tu viendras avec moi ?

-         Evidemment.

-         Je veux pas y aller

-         Appelle ton frère au moins, demande-lui conseil (son frère est pharmacien)

-         J’ai perdu mon téléphone, je connais pas son numéro par cœur. Tu veux pas l’appeler toi ?

-         Pfff… Bon je l’appelle. »

 Répondeur, message. Dodo. « Aïe ouille, me mets pas la couverture sur le pied ! »

Jeudi matin : Inspection du pied :

-         Y a du blanc ! C’est définitivement un panari !

-         Je te l’avais bien dit, je sais ce que c’est quand même

-         Comment je vais aller bosser, moi ?! »

 Le grand frère appelle. Affolement : « Note, Hélène, note ce qu’il dit !

Quoi, je mets quoi ? Note, toi : hexomédine transcutanée, quséqusa ?

-         J’en ai, de l’hexomédine

-         Et quoi ? Fucidine, t’entends, fucidine, note ! Quoi, faut une ordonnance ?

-         J’en ai aussi de la fucidine !

 Alerte générale : « Je suis en retard, mon comité, oh la la, déjà que la semaine dernière, oh la la, qu’est-ce que je vais faire ?!

-         Assis ! Ne bouge pas, je vais chercher le bazar. »

 Compresse imbibée d’hexomédine (il a fini tout le paquet de coton en deux jours – heureusement, il me reste des tonnes de gaze et de sparadrap de mon opération de l’hallux valgus, on n’a pas fini d’en parler de celui-là, mais une autre fois !!!), application de pommade acide fucidique (apparemment générique de fucidine, ah mais, faut être précis !), pose de compresse. Enroulement avec du sparadrap : « Ca serre », collage du sparadrap autour de la plante des pieds : « Je pourais pas marcher avec ça ». Préparation d’une trousse de secours contenant tous les machins précités.

«  J’y vais !

-         T’as ton téléphone ? Fais-le voir (il dit souvent oui et l’oublie)

-         Oui

-         Ton badge ? (On se fait même fouiller maintenant quand on va travailler même si les vigiles ont vu chaque jour ta bobine depuis vingt ans)

-         Ouais 

-         Des sous ?

-         Mmmm

-         Des tickets de métro ?

-         Mouais c’est bon, à toutt’

 

Logo sans nomJe referme la porte. Il va me falloir une bonne heure pour ranger le chantier, et je suis optimiste.

 Sur la table, bien en évidence, trône la trousse de secours.

 Je n’ai plus qu’une chose à faire. Je lui téléphone et tombe sur son répondeur : « T’as oublié tes médicaments ! Alors, surtout, n’arrache pas ton pansement avant de rentrer ce soir, si tu n’as pas de quoi le remplacer ! »

 Je ne sais pas s’il y a une infirmerie dans son burlingue. Mais là quand même, je ne vais pas enquêter à sa place.

 

Hélène Merrick

Commentaires
M
j'aurai du signer MAMINIE au lieu d'ANNIE
Répondre
A
pas eu d'autre nouvelles alarmante mon amie. J'espère que le petit mari n'a pas été amputé du pied? tu m'as bien fait rire et comme j'ai beaucoup d'imagination j'ai visionné avec les personnages réels au fur et à mesure du déroulement .
Répondre
H
Merci d'avoir publié mon petit texte, c'est du vécu, je confirme !
Répondre
A
J'ai bien aimé. Un peu caricatural mais beaucoup de vrai. Merci pour ce moment de détente.
Répondre
D
Dom a ri aussi...
Répondre
écrituriales, le blog
  • écrituriales, un blog animé par Alain Cadu pour une association d' Auteurs-Éditeurs Réunis. Ils ont un siège: Le Petit Bois 49710 Le Longeron, un site http://ecrituriales.com et une adresse mail ecrituriales@orange.fr
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
écrituriales, le blog
Visiteurs
Depuis la création 133 661
Newsletter
Derniers commentaires
Archives
Pages